Chère santé
Du parcours du combattant...
- Un étudiant sur trois renonce à se faire soigner
- Près d'un étudiant sur cinq n'a pas de médecin traitant (enquête Mutuelle des étudiants (LMDE) et Mutualité française auprès de plus de 8000 étudiants en mai 2012)
- 33% des étudiant-e-s renoncent à voir un médecin (Observatoire national de la vie étudiante) par manque de moyens (les étudiants, les chômeurs et les « travailleurs précaires », généralement à temps partiel, ont des droits automatiquement ouverts à la sécurité sociale mais beaucoup ne sont pas en mesure de contracter une mutuelle, ce qui les freine considérablement dans leur recours aux soins) et par manque de temps (73% des étudiant-e-s cumulent un emploi en plus de leurs études)
- 55% de ceux qui vivent en colocation ou en cité universitaire ne voient jamais un médecin (Union Nationale des mutuelles étudiantes régionales)
- Plus de 30% des étudiant-e-s jugent leur état de santé en dessous de la moyenne.
... au renoncement aux soins
La précarité ne favorise pas un suivi médical régulier.
Sur une année, 21 % contre 17% du reste de la population n’ont pas consulté de médecin généraliste et 53% contre 40% n'ont pas vu de spécialistes. (INSEE)
- Les conditions sociales et économiques défavorables rendent plus difficile l’accès aux structures médicales spécialisées (absence de voiture, éloignement, méconnaissance des adresses et des démarches à effectuer).
- Les soins exigent du temps, de la motivation et de la rigueur, alors que, dans le contexte social de la précarité, la priorité est de se nourrir et de se loger tandis que dominent des sentiments dévalorisants (fatalisme, vision à court terme, honte, peur de la maladie, stress et addictions, accès difficile à l'information)
- Les aléas de la vie précaire induisent souvent un nomadisme médical qui hypothèque la régularité du suivi, particulièrement chez les diabétiques.
Le recours aux soins est trop souvent retardé
- La consultation médicale n'est pas automatique, avec une résignation insidieuse à l'inconfort et à la souffance.
- Le recours aux soins se fait le plus souvent dans l'urgence, à l'hôpital ou chez un médecin généraliste, qui doit parer au plus pressé, sans avoir toujours le temps ni la possibilité d'organiser une prise en charge au moindre coût ni d'assurer l'éducation hygiéno-diététique de ces patients. Ils leur prescrivent aussi moins d'examens complémentaires en raison de leurs difficultés économiques ou du refus de les réaliser,ce qui peut hypothéquer l’efficacité des traitements.
Dans leur grande majorité, les précaires refusent de se rendre à un laboratoire, même gratuitement, pour se faire dépister avec une simple mesure de la glycémie veineuse à jeun.
Les conseils du Pr Claude Jaffiol
- Se prendre en mains, se laisser prendre en charge
- Eviter les complications
- Reprendre confiance
- La prise en charge médicale des populations défavorisées nécessite temps, expérience et tact, en particulier dans le domaine des maladies chroniques et plus particulièrement du diabète. Le rôle du médecin traitant et de tous ceux qui peuvent leur être utiles, en matière de soins ou seulement d'accompagnement, doit être d'abord de rassurer, d'expliquer, de réconforter.
- On ne saurait trop souligner le rôle capital que peuvent jouer en ce domaine les personnels para- médicaux, les pharmaciens et les multiples bénévoles des associations caritatives, à condition qu’ils aient reçu une formation préalable indispensable.
Ne rien imposer, mais faire naître un désir de soins
- prendre le temps d’écouter les symptômes allégués par le patient,
- repérer et dépister les pathologies graves ou urgentes,
- évaluer le risque lié à la situation économique du patient et à son mode de vie,
- dépister les dépendances (alcool, drogues illicites, tabac),
- dépister des pathologies associées, voire chroniques.
- Impliquer à court terme le jeune précaire dans une démarche de prévention et d'éducation pour la santé lorsqu’existe un contexte évocateur de risque diabétique.
- Surveiller de très près les femmes prédiabétiques en les informant du risque que font courir un mauvais équilibre glycémique, une hypertension, un excès de poids si elles désirent une grossesse. Maintenir la contraception tant que ces objectifs ne seront pas atteints. Etre vigilant aux complications affectant la grossesse et rechercher un diabète gestationnel à partir de la 26e semaine.
- Donner le plus possible de conseils pratiques, adresses etc…Assurer un minimum d’éducation alimentaire et d’hygiène corporelle.
- Mettre en œuvre un suivi régulier sans lequel un échec à terme est assuré en utilisant tous les moyens de contact (téléphone portable, internet). Introduire la personne dans un réseau de soins lorsqu’il existe.
La consultation médicale doit s'accompagner d'une consultation sociale afin d'évaluer :
- le degré de précarité ;
- la situation environnementale en matière de logement, ressources, travail et réseaux familial, culturel, relationnel ;
- le niveau de la couverture sociale, afin d'engager éventuellement des démarches administratives visant à l’ouverture ou la réouverture des droits.
D'abord des conseils pratiques, des adresses, du réconfort
- Faire savoir qu'il existe de multiples solutions pour recevoir des soins gratuitement auprès de médecins ayant signé l’engagement de recevoir les bénéficiaires de la CMU, de centres mutualistes qui ne pratiquent pas de dépassement d’honoraires, d’institutions caritatives qui reçoivent gratuitement les nécessiteux sans obligation de déclarations administratives, de nombreux centres hospitaliers possédant des permanences d’accès aux soins (PASS).
- Indiquer où faire pratiquer régulièrement et gratuitement un contrôle dentaire et oculaire, une prise de la tension artérielle, un controle sanguin annuel.
- Donner les conseils pratiques indispensables :
- En cas de prise de médicaments, avoir un semainier pour éviter de les oublier.
- Porter des chaussures confortables à la bonne pointure évitant tout frottement.
- Etre à jour de ses vaccinations.